"La double inconstance" de MARIVAUX le 30 novembre 2003

Marivaux, c'est bien joli...Ce dimanche, Direlire ne faisait pas salle comble, mais tous ceux qui, la saison dernière, avaient apprécié l'intervention d'Annie RIVARRA sur le roman libertin du XVIIIème siècle, avec "ses Petites Maisons", étaient fidèles au rendez-vous.
Il s'agissait de "La Double Inconstance" dont un des petits classiques Larousse montre une image bien pomponnée et fausse, dixit Annie Rivarra, d'une représentation des années 50 à la Comédie-Française. Ce n'est pas au Français mais au Théâtre Italien de Paris que fut créé ce "marivaudage".
Si on y retrouve Arlequin, Flaminia, Sylvia, Trivelin, ce n'est pourtant plus la Commedia dell'Arte basée sur "l'impromptu". Improvisation? Pas du tout. Canevas fixe sur lequel brodent les acteurs si bien qu'à chaque représentation on peut voir une pièce différente. Il en allait parfois encore ainsi chez les "Italiens" au temps de Molière mais plus à celui de Marivaux.
Ici le comique est devenu gaîté. Il ne s'agit plus de peintures de "caractères" mais de "sujets expérimentaux" au service d'un théâtre philosophique: une philosophie qui n'est pas celle des Lumières mais de Montaigne: "Je peins le passage, non l'être".
Inconstance n'est pas infidélité. Pas de trahison de la foi jurée mais des circonstances qui font que la constance ne peut subsister. Cosi Fan Tutti -et pas seulement Tutte- quand les manipule quelque malin meneur de jeu.
Ici c'est Flaminia, finalement prise elle-même au jeu de l'Amour et du Hasard, tant il est vrai que les volontés humaines sont fragiles.
Léger? Subtil.... et robuste.

Annie ROUZOUL