"Les cerfs-volants" de Romain GARY le 17 mars 2007



Le billet à Claudine de Michel BOUDIN



Romain GARY ou la fin du ciel bleu



Je n'aurais jamais pensé, jolie cousine, que parler de Romain GARY c'était parler de tant de lucidité et de tant de souffrance. Mais c'est un des secrets de DIRELIRE que de voir se dessiner, peit à petit, grâce aux témoignages croisés de lecteurs fervents, le portrait d'auteurs qui prennent soudain une consistance inattendue.



C'est ainsi que Romain GARY m'est apparu comme réalisant, dans l'engagement et le doute, le grand défi de Malraux: "transformer en conscience une expérience aussi vaste que possible."



Transformer en conscience, Claudine, mais aussi en écriture. Et c'est peut-être là qu'il me faut te faire un aveu. A ce Gary témoin de son siècle, je préfère le délicieux GARY-AJAR de "La vie devant soi". Il me semble que là une perfection est atteinte dans l'invention d'un langage à ce point original qu'on a du mal à comprendre coment il est construit. Tout se joue sur de secrètes ruptures avec la syntaxe ordinaire, avec le rythme habituel des phrases. Un vrai régal!



Une des leçons de Romain GARY est sans doute de tenir très fort et autant qu'on peut le cordon du cerf-volant. Il aura passé sa vie à s'y employer. Jusqu'à ce jour de 1980 où il décida de lâcher prise et où il ouvrit sa main en regardant le bleu du ciel.



Et nul ne sait (sauf peut-être Momo et Mme Rosa) où est passé le cerf-volant.



C'est bien ce que se demande aussi, belle Claudine, ton cousin



FLORENTIN

"La fin de la folie" de Jorge VOLPI le 5 mars 2007



Le plaisir de lire par Monique SICARD
Je me rends à la séance de DIRELIRE sans avoir lu ce livre, sans même avoir pu le feuilleter. J'imagine que c'est un essai sur la folie... on verra bien...
Nous ne sommes qu'une dizaine ce lundi soir, réunis autour d'une même table. C'est rare. Une ambiance très particulière. Cela ressemble à une discussion entre copains. J'écoute en sirotant ma bière...Je comprends qu'il s'agit en fait d'un roman, et que l'auteur, mexicain né en 1968, y évoque Mai 68 à Paris, à la lumière des évènements de 1989.
La discussion s'engage. On parle d'oppression et de révolution, d'idéologie et d'idéal. On parle de Lacan, Michel Foucault, Althusser. On en parle avec sérieux et légèreté tour à tour. Je ne suis pas sûre de tout comprendre (moi, en 1968, j'étais jeune prof de lettres dans un lycée. Et pour moi, mai 1968, ce furent de longues discussions passionnées entre profs, élèves et parents d'élèves. Pour la première fois nous parlions vraiment, et nous bâtissions ensemble le lycée idéal... A chacun son mai 1968, et à chacun sa petite folie...).
Mais revenons au café Massilia: une voix se fait entendre. Un des participants donne son impression. Pour lui, peu importent les idéologies, peu importe que Volpi soit réactionnaire ou pas. Il a lu un roman, rien qu'un roman. Et un roman jouissif.
Gourmande, je me fais prêter le livre. Je l'ouvre aussitôt rentrée chez moi. Je lis. Pour l'instant je me régale, et parfois je me tords de rire (Annibal à quatre pattes sur le tapis de Lacan!). J'espère que les deux cents dernières pages me réservent le même plaisir.